La conjugaison de l’anglais se caractérise par une extrème simplicité. Il y a très peu de terminaisons verbales. Et le présent simple est… simple! Il n’y en a aucune si ce n’est un -s à la troisième personne du singulier. Marque unique, il apparaît comme une anomalie. Mais est-ce le cas? A quoi peut-il bien servir?
Rappel sur le présent simple
Ce temps sert à indiquer des actions habituelles ou des vérités générales. Il peut aussi servir de temps de la narration dans des textes de fiction à la place du passé.
I | drink tea every day |
you | drink tea every day |
he / she | drinks tea every day |
we | drink tea every day |
you | drink tea every day |
they | drink tea every day |
Interrogation | Do you drink tea? |
Interrogation 3e personne | Does she drink tea? |
Négation | I don’t drink tea |
Négation 3e personne | She doesn’t drink tea |
L’évolution de l’anglais
La langue anglaise est passée par plusieurs phases dans son évolution. C’est une langue germanique avec des apports du vieux norrois (la langue des vikings), avec quelques apports celtiques (le « do » des questions et des négations par exemple) et français, dans le vocabulaire notamment, à cause de la conquête normande. Et l’anglais des temps passés était une affaire compliquée avec des déclinaisons (terminaisons à la fin des mots pour indiquer leur fonction dans la phrase) et des conjugaisons à terminaisons complexes, sans compter l’existence d’un tutoiement.
Exemples de vieilles formes résiduelles dans Shakespeare :
Forme d’origine | Equivalent en anglais moderne |
---|---|
Thou art as wise as thou art beautiful | You are as wise as you are beautiful |
Why dost thou smile so | Why do you smile like that |
A kind heart he hath | He has a kind heart |
Thou shouldst be honest | You should be honest |
Toute cette complexité a disparu. Mais les éléments grammaticaux ne disparaissent pas comme cela du jour au lendemain. Il s’agit d’une disparition progressive à mesure que la langue trouve de nouveaux moyens plus simples pour obtenir le même résultat ; les vieux moyens ne sont plus utiles et tombent en désuétude.
L’intérêt des terminaisons verbales c’est d’indiquer à quelle personne se rapporte le verbe. L’anglais a trouvé une autre solution : figer la place des mots dans la phrase. L’ordre est sujet-verbe-complément(s). Le sujet et le verbe sont en effet rarement séparés dans cette langue, contrairement au français où on peut apposer différentes choses entre le sujet et le verbe ou inverser leur place. Dans d’autres langues on peut avoir le verbe à la fin de la phrase, ou n’importe où, puisque le système de terminaisons complexes vont montrer qui est le sujet. Ce n’est pas possible en anglais. En tout cas ce n’est pas une manière authentique de parler anglais. Si vous avez le choix, évitez de placer trop de choses (des adverbes par exemple, un seul suffit) entre le sujet et le verbe.
Le -s à la troisième personne est un vestige du temps passé. La question n’est donc pas pourquoi il y en a un, mais plutôt pourquoi on le met encore.
Une piste de réponse
Pour comprendre l’intérêt actuel du -s à la troisième personne, faisons un détour vers le subjonctif présent. Mais pas de crainte, il n’est pas aussi compliqué que le subjonctif chez nous. Il se caractérise justement par l’absence de -s à la troisième personne !
God save the Queen | Que Dieu préserve la Reine |
He suggested that he come with us | Il a suggéré qu’il vienne avec nous |
Let there be light | Que la lumière soit |
Dans le dernier exemple on voit bien qu’il ne s’agit pas d’un présent en fait mais d’un infinitif sans to. Mais les apparences pourraient le faire confondre avec une forme du présent.
Le -s à la troisième personne au présent simple sert donc à différencier le présent simple du présent du subjonctif (sujet + verbe à l’infinitif sans to). Il a bien une utilité grammaticale même si elle peut paraitre subtile.
Dans la langue familière, on omet parfois le -s à la troisième personne, et certains types d’anglais alternatifs l’occultent complètement. Peut-être qu’il disparaitra un jour, qui sait, même si pour l’instant, cela reste une faute de grammaire de ne pas le mettre.